Martror
Exposition Collective
Exposition Collective
L’exposition collective réunit les clichés de 7 photographes lauréats du concours organisé par l’association Temps d’Expo , la mairie de Pézenas et le collectif Temporadas.
Elle porte cette année sur la fête de Martor à Pézenas. Cette incomparable célébration traditionnelle occitane honore la mémoire des défunts et marque un moment de connexion entre les vivants et les morts.
Cette exposition vise à partager avec un large public l’atmosphère festive et mystique de Martror organisée par le collectif Temporadas à Pézenas.
Série
Martror à Pézenas
Ce soir de Martror, novembre fut déjà bien entamé par des jours d’une tristesse profonde. Nous vîmes la Mort.
Dans les ruelles de Pézenas, des âmes défuntes précédèrent des squelettes animés, et, sans crier gare, passa un défilé de personnages revêtus d’une noirceur abstruse et troublante.
Nous aperçûmes, à titre posthume, des garnements facétieux aux os blanchis. Ils sautillèrent, bien vivants, autour de la Mort, un monstre gigantesque, spectre dégingandé au crâne blafard, démesuré, accroché maladroitement en haut d’un long cou de girafe préhistorique n’ayant conservé que ses os crayeux.
Les pleureuses voilées vociférèrent à travers la foule des larmes inconsolables.
Partout, dans les lumières du cortège, surgirent des ombres dansantes, secouées par le rythme d’un orchestre lugubre et ténébreux qui joua des airs trempés de notes mélancoliques. Ainsi, nous fûmes transportés sur les pavés humides, traversés par des sanglots mystérieux venus du ciel.
Si la noirceur de la nuit tombée s’estompa quelque temps, secouée par l’éruption joyeuse et opportune du Poulain, aux sons des fifres et des tambours, elle revint, puissante, lente et sourde.
Ce soir-là, nous eûmes des devoirs à accomplir, des messages à transmettre, des intentions à assouvir dans le feu de nos croyances, dans les flammes asservies de nos incertitudes.
Nos pensées montèrent vers ceux qui ne sont plus.
Elles allèrent bien plus haut que nous ne pûmes voir, rejoindre — nous l’espérâmes — nos invisibles absents.
Olivier Lebaron